Chaque numéro de la revue Chiendents s'est fixé, en principe, comme but de rendre hommage à un seul auteur, mort ou vif.
Le n°26, que je
viens de recevoir, mis en musique par Pierre Tréfois et Jean-Louis
Rambour, est consacré à Michel Pierre (1929-2011). Une fois n'est pas coutume,
je parle d'une publication à laquelle j'ai contribué, mais c'est pour
rendre hommage à l'écriture de Michel Pierre, ce poète apprécié notamment de
Jean Rousselot et de Jean L'Anselme et qui a été surtout édité dans les années
80 et 90.
En ce qui me
concerne, à une époque du moins, son style m'a influencé. Il se situe
plutôt à l'opposé de ce qui se fait actuellement. C'est une écriture très
écrite, musicale et picturale. La syntaxe est enroulée sur elle-même, les
histoires sont labyrinthiques. Se trouvent aussi là-dedans une pincée
de surréalisme, beaucoup d'humour, de l'absurde, du fatalisme finalement...
Quand on lit Michel Pierre, il faut se laisser emporter à toute vitesse par
ces successions d'images tout en goûtant à la luxuriance du
langage...
Comme
j'aimerais donc que ce numéro soit le départ d'autres hommages ou de
publications d'inédits, ou encore de rééditions. C'est l'une des rares fois où
je suis certain qu'un poète publié n'écrit pas semblablement aux autres.
En tout cas,
vous trouverez dans ce numéro 26 de Chiendents plusieurs inédits, dont
celui-ci, pour éventuelle découverte :
"Nulle
confusion possible
Ne pas
confondre l'appel du pied avec celui du vertige, si l'on considère cette
situation dépendante uniquement du talon et bien que l'une et l'autre de ces
sollicitations soient un leurre. Seul le mouvement interdit la chute, ainsi la
randonnée en vélo, la vie marginale des couples, les ressources intemporelles
de la guerre. Mieux vaut se laisser attendrir par la vitesse afin de perturber
l'envie d'une collision, surseoir au jugement dernier et suivre avec fougue,
dans le ciel, la courbe des idées générales. Non plus éviter de médire des
immobilismes de plaine entre deux montagnes péremptoires, ni du bruit de la mer
qui referme son gousset, ni des gisants lesquels enterrent le monde, pas
davantage de ces gosses, mains tendues vers la lumière, laquelle éclaire le
crime tout autant que l'innocence. Les manèges feront foi des limites
dépassées, loin de la gravitation enfantine, sinon mieux vaut courir aux
trousses des dieux unijambistes, car l'infiniment stupide favorise tous les
excès. Et sa couleur est brillante, sa plénitude convient au moindre désir
cependant que rompre n'embrasse que l'essentiel même si celui-ci paraît inoubliable
au prix de l'insoumission".
Pour en savoir
plus sur cette revue ou pour toute commande (3 € le numéro), allez faire un
tour sur http://editionsdupetitvehicule.blogspot.com/
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