Le numéro 167 de la revue Verso (14,7 cms X 21,4 cms), animée par Alain Wexler, comprend des poèmes et proses de William Shakespeare (traduit par Mermed), Fabrice Farre, François Charvet, Gérard Lemaire, Marie-Laure Adam, Béatrice Machet-Franke, Clément Bollenot, Grégory Parreira, Lodi, Nicolas Rouzet, Samaël Steiner, Christian Belloir, Geneviève Cornu, Bernard Deglet, Patrice Blanc, Céline Maltère, Jeanpyer Poëls, Michel L'Hostis, Olivier Millot, Stéphane Casenobe, Elisabeth Rossé, Stéphane Robert, Pascal Mora, Jean-Marc Thévenin, Willem Hardouin, Alain Guillard, Jean-Paul Prévost, Hubert Fréalle, Jean-Jacques Nuel, Alain-Jean Macé, ainsi qu'une nouvelle de Barbara Savournin.
Ainsi que l'édito et les chroniques d'Alain Wexler, Jean-Christophe Ribeyre, Valérie Canat de Chizy (recueils de poésie), Christian Degoutte (revues), Jacques Sicard (cinéma), Miloud Keddar (peinture).
L'illustration de couverture est d'Alain Wexler.
Extrait du numéro 167, "La main", de Jean-Paul Prévost :
"La main
Il rêvait d'un jardin beau comme un soleil d'été,
De courants d'air chauds surs sa peau, de bruissements d'eau, de pêche à la truite.
Il rêvait de cerises, de noyaux sucés,
Il rêvait au feuilles extraordinaires des plantes grasses vertes et rouges,
Il rêvait de temps qui ne passe plus...
Il rêvait...
Mais la cadence s'est ralentie.
Sa main est restée sous la presse.
Et la main sans son bras court tout autour des murs et des établis.
Et la chaîne ne s'arrêt pas.
La main file sur le tapis roulant.
Les autres voient la main passer : aucun ne relève la tête;
Ils voient que c'est une main ; qu'elle pourrait être la leur;
Et disent simplement "c'en est un qui rêvait d'un jardin"...
Et lui qui ne comprend rien brandit son moignon sans main !
Il rêvait d'un jardin. De courants d'air chauds. De soleil.
De plantes grasses.
Il brandit son moignon sans main comme un étendard vaincu.
C'était sa main gagne-pain, mange-pain; la main-caresse,
La main-amour,
La main-travail. La main-travail. C'était surtout cela sa main.
Et la main court, court, tout autour des murs et des établis.
Des gouttes de sang tombent dans les roulements à billes.
Et les roulements grincent !
Et tout le monde gueule. Les grincements sont terribles. Comme des pleurs
Et les larmes de sang coagulent dans les roulements...
Alors, vite, le chef graisseur remet de l'huile anti-coagulante sur les axes des paliers, et le tapis roulant repart, court, court, tout autour des murs et des établis.
Et la main tombe, dans le panier, prévu à cet effet.
A côté de l'usine,
Au soleil,
Bien exposé,
Il y a un jardin où d'autres jouent au golf
Les mains gantées de peau de crocodile.
C'en était un qui rêvait d'un jardin..."
Extrait du numéro 167, "La main", de Jean-Paul Prévost :
"La main
Il rêvait d'un jardin beau comme un soleil d'été,
De courants d'air chauds surs sa peau, de bruissements d'eau, de pêche à la truite.
Il rêvait de cerises, de noyaux sucés,
Il rêvait au feuilles extraordinaires des plantes grasses vertes et rouges,
Il rêvait de temps qui ne passe plus...
Il rêvait...
Mais la cadence s'est ralentie.
Sa main est restée sous la presse.
Et la main sans son bras court tout autour des murs et des établis.
Et la chaîne ne s'arrêt pas.
La main file sur le tapis roulant.
Les autres voient la main passer : aucun ne relève la tête;
Ils voient que c'est une main ; qu'elle pourrait être la leur;
Et disent simplement "c'en est un qui rêvait d'un jardin"...
Et lui qui ne comprend rien brandit son moignon sans main !
Il rêvait d'un jardin. De courants d'air chauds. De soleil.
De plantes grasses.
Il brandit son moignon sans main comme un étendard vaincu.
C'était sa main gagne-pain, mange-pain; la main-caresse,
La main-amour,
La main-travail. La main-travail. C'était surtout cela sa main.
Et la main court, court, tout autour des murs et des établis.
Des gouttes de sang tombent dans les roulements à billes.
Et les roulements grincent !
Et tout le monde gueule. Les grincements sont terribles. Comme des pleurs
Et les larmes de sang coagulent dans les roulements...
Alors, vite, le chef graisseur remet de l'huile anti-coagulante sur les axes des paliers, et le tapis roulant repart, court, court, tout autour des murs et des établis.
Et la main tombe, dans le panier, prévu à cet effet.
A côté de l'usine,
Au soleil,
Bien exposé,
Il y a un jardin où d'autres jouent au golf
Les mains gantées de peau de crocodile.
C'en était un qui rêvait d'un jardin..."
Pour en savoir plus sur ce numéro 167 de la revue Verso, dont le numéro est vendu au prix de 6 €, contact : http://revueverso.blogspot.fr
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